samedi 24 juillet 2010
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mercredi 21 juillet 2010
We're the Happiness Boys
Hier, j'ai fini de lire mon premier bouquin de l'été, 100% plaisir personnel : "Farenheit 451" de Ray Bradbury.
Et c'était bien.
J'ai mis un petit moment avant d'arriver à vraiment entrer dedans, mais finalement ça m'a plu. Faut dire que j'en avais pas mal entendu parler : en philosophie en Terminale, en théorie politique cette année,... et puis les dystopies, depuis que j'ai lu 1984, j'adore ça.
Les utopies aussi d'ailleurs, parce que ça contient toujours une part de dystopie. D’ailleurs, si l’utopie peint une société créée pour permettre à ses membres d’atteindre le bonheur, Farenheit 451 peut être classée dedans, puisque le discours tenu est le fait que tout est construit pour le bonheur, en supprimant toute source de discorde, de critique, de malheur, etc… une utopie poussée à l’extrême qui se transforme en dystopie, puisque finalement ses membres ne connaissent pas le bonheur. Ou ont oublié ce que c’était. Du coup la société de Farenheit 451 est beaucoup plus « perverse » que celle dépeinte dans 1984, qui est plus franchement totalitaire que ne semble l’être celle de Farenheit. Comme si c’était la société elle-même qui était arrivée à ce résultat. Pas une personne ou un régime, ce sont les individus eux-mêmes qui auraient progressivement supprimé toute source de contentieux dans leur vie et choisit de se plonger dans le divertissement dans sa forme la plus envahissante et aveuglante. En se coupant du monde extérieur, évidemment. Dans 1984, l’oppression est palpable, dans Farenheit c’est plus diffus malgré la conscience de son existence. Suffit de voir la réaction de Mildred quand elle découvre les livres.
Je l'ai lu en VO, parce que c'est mieux, et aussi parce que les éditions anglosaxonnes ont toujours beaucoup de goût et d'imagination que les éditions françaises. Même si : "Dont' judge a book by its cover", adage par ailleurs joliment repris dans cet ouvrage, et ben la couverture ça a un rôle. Sinon on les laisserait blanches avec juste le titre et l'auteur. En plus c'est une édition "environement friendly".
Mais le lire en VO m'a fait prendre conscience d'une chose, qui me posait déjà problème lors de mon mémoire et des mes lectures quasi toutes en anglais : comprendre "en gros" ne me va plus du tout.
Avant, lire en anglais et ne pas comprendre certains détails faute du niveau adéquat me suffisait, parce que pour moi, pouvoir lire en anglais et comprendre le plus important du bouquin, c'était déjà énorme. Mais mon niveau d'exigence a monté, et maintenant je veux TOUT comprendre, tout les détails, le style, les phrases alambiquées et les jeux de mots. Sinon j’ai l’impression de ne pas vraiment saisir ce qui est raconté. Mais j'ai pas envie de devoir lire avec un dictionnaire à côté de moi tout le temps.
De fait ça a été un peu frustrant, parce que l'univers développé dans Farenheit 451 est bien particulier, et je pense ne pas avoir saisi plusieurs éléments correctement. Peut-être que je le relirais un jour, du coup. Je ne sais pas si cette impression de « totalitarisme sociétal diffus » est justifiée, ou seulement une mauvaise interprétation de ma part.
Dommage que la fin soit un peu facile, et du coup un peu plate. Il faut dire qu'après avoir lu 1984 (qui est pour moi le meilleur livre au monde, sisi), Farenheit 451 fait moins complet, plus timoré et un peu fade, même si ça reste un bon livre à lire, qui fait réfléchir. J’ai aimé l’entreprise de justification de suppression des livres et de toute source de discorde au nom du bonheur, j’ai aimé la réflexion sur ce à quoi servent les livres, et la façon dont le personnage principal voit se développer son propre sens critique. J’ai aimé l’abrutissement généralisé, par quoi et comment il était rendu, surtout la discussion entre Mildred et ses amies, et les « parlors » - que j’ai assimilé à la télévision poussée à l’extrême, genre en 3D et tout, mais je pense que ça allait plus loin que ça. L’agacement de Montag à leur égard était d’ailleurs palpable, et contagieux…
« If you don’t want a man unhappy politically, don’t give him two sides to a question to worry him; give him one. Better yet, give him none. […] Give the people contests they win by remembering the words to more popular songs […]. Cram them full of non-combustible data, chock them so damned full of “facts” they feel stuffed, but absolutely “brilliant” with information. Then they’ll feel they’re thinking, they’ll get a sense of motion without moving. And they’ll be happy, because facts of that sort don’t change. […] We stand against the small tide of those who want to make everyone unhappy with conflicting theory and thought. […] Don’t let the torrent of melancholy and drear philosophy drown our world. »